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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
26 octobre 2020

Le chemin de la radicalisation

Les pensées de la terroriste Ulrike Meinhof qui faisait partie de la première génération de la RAF, expliquent encore aujour'hui le chemin qui mène à la radicalisation.

ulrike « C’est la pensée uniformisée, la recherche d’une opinion commune à ‘nous’ qui remet en question la probité politique et humaine de tous ceux qui pensent différemment, qui rend l’opposition suspecte, tout en évitant la discussion de fond. Je crois qu’il faut résister partout où de telles structures de la pensée et de l’action s’imposent. La perte de la démocratie -qu’elle soit parlementaire ou extra-parlementaire- se fonde toujours sur la defaillance de l’opposition… […] Actuellement, la mission de l’opposition ne consiste pas uniquement en la défense de ses positions et en sa propre protection, mais en la stimulation de la pensée politique des ‘indifférents’… », écrivait Ulrike Meinhof en août 1958. Et malgré le fait que ce texte a été ecrit par une terroriste, plus de 50 ans plus tard, il est toujours d’actualité.

En regardant le paysage politique, que ce soit en France, en Allemagne, en Grande Bretagne ou en Europe, l’analyse d’Ulrike Meinhof est toujours aussi juste. Le monde politique se limite à diaboliser ceux qui pensent autrement, cherche à « fédérer » dans un « centre » politique qui n’existe pas et cela conduit directement à l’indifférence des masses, qui se traduit, entre autres, dans un taux de participation aux élections diverses. La « qualité » du débat politique, la corruption, les scandales de toute sorte font le reste – les gens se déintéressent de la politique et la laissent entre les mains d’apparatchiks médiocres qui ne font que soutenir ce système décrit en 1958 par Ulrike Meinhof.

Il s’agit d’une spirale néfaste – car plus les citoyens décrochent de la « res publica », de la chose publique, plus ils abandonnent leur destin aux populistes, aux extrémistes, aux corrompus qui eux, ne se soucient guère des peuples, mais dans la plupart des cas, de leurs propres intérêts.

Mais que faire ? La voie empruntée par Ulrike Meinhof et ses amis, était une voie erronnée. Une erreur monumentale, qui virait au criminel dès que la RAF s’est mise à tuer. Pourtant, au fond, Ulrike Meinhof, dotée d’une intelligence exceptionnelle, comme tous ses professeurs l’ont confirmé, avait raison dans son analyse. Il faut, pour sauver la démocratie, mobiliser les « indifférents », les intégrer dans un discours et débat politique qui les motive, il faut dessiner des objectifs et des perspectives que les « indifférents » puissent partager. Ce n’est pas par la violence, mais par des perspectives positives que l’on puisse arriver à changer le discours politique.

Ce sont les partis et les mouvement politiques qui devront changer d’attitude. Pour sauver la démocratie qui, à un moment où les populistes prennent le dessus avec des paroles qui mènent droit à un nouveau fascisme, il faut que les partis s’ouvrent, changent de têtes, cessent de nous présenter toujours et toujours les mêmes représentants d’un monde politique anachronique.

A l’aube d’une année marquée par des élections en France et en Allemagne, il est désolant de regarder la liste des candidats, autant à droite comme à gauche, autant en France qu’en Allemagne. Il suffit de suivre les débats politiques qui sont d’une bassesse incroyable et qui, depuis 1958, n’ont pas gagné en qualité. La conséquence, si ce discours ne change pas, sera la même que dans le dernier quart du siècle dernier – c’est l’extrémisme, la violence et le terrorisme qui marqueront la société de demain. La seule réponse valable à cette évolution sera une nouvelle Europe, une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques, de nouveaux objectifs pour une Europe sociale, humaniste et tournée vers les peuples au lieu de se limiter à oeuvrer comme agent pour des marchés financiers corrompus.

L’exemple d’Ulrike Meinhof devait nous servir pour changer de cap. Autrement, nous risquons de revivre exactement les mêmes évolutions qu’à l’époque. (Selon Euro-journalist)

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