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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
31 octobre 2019

Il y a 100 ans, la Prohibition aux Etats-Unis

Le 28 octobre 1919, le Congrès américain votait la Prohibition, l'interdiction de l'alcool. La mesure voulait lancer la lutte contre la pauvreté, la prostitution et la criminalité – pour échouer lamentablement.

prohibition

C’est en 1919 que la politique américaine arrivait à la conclusion que tous les maux de l’époque étaient liés à l’alcool. Dans cette Amérique puritaine (et bigote…), rien de plus évident que d’interdire la production, la vente et la consommation d’alcool. Mais le « National Prohibition Act » voté le 28 octobre 1919 n’est pas parvenue à faire disparaître ce fléau de la société américaine – au contraire : la Prohibition constituait la base pour la fleuraison du crime organisé.

La Prohibition était pour la Mafia américaine ce que la politique européenne est aujourd’hui pour les organisations de passeurs d’hommes en Méditerranée. L’interdiction d’un produit très demandé ne fait qu’augmenter les tarifs ; et cela était aussi valable pour le crime organisé aux Etats-Unis des années 20 que ça l’est aujourd’hui pour ces bandes criminelles qui extorquent de l’argent aux réfugiés en leur promettant le passage vers l’Europe.

Pendant les années 20, c’est le crime organisé qui reprenait les brasseries et les bars aux Etats-Unis, créant même une sorte de société parallèle dans les « Speak Easy », les bars clandestins, où l’on servait du whisky dans des tasses de thé et ce, autant à la pègre qu’à la haute société qui était très liée à ce crime organisé.

Toute une partie des Etats-Unis se présenterait différemment aujourd’hui, s’il n’y avait pas eu la Prohibition. Las Vegas serait certainement encore un village perdu dans le désert du Nevada – le développement de ce centre mondial du jeu et du pêché avait été rendu possible par la Mafia qui blanchissait par ce biais, les sommes faramineuses gagnées par la production, le commerce et la consommation d’alcool.

Aujourd’hui, nous vivons toujours dans une sorte de « prohibition », du moins, en ce qui concerne le cannabis. L’interdiction de l’herbe verte n’empêche pas le fait qu’au moins 30% des jeunes Européens en consomment plus ou moins régulièrement ; et cette « prohibition » ne fait que maintenir le modèle d’affaires des chaînes de distribution criminelles en fonctionnement. Les Pays-Bas, l’Uruguay, plusieurs Etats des Etats-Unis, le Canada et aussi le Luxembourg ont compris qu’il ne sert à rien de criminaliser un tiers de la jeunesse d’un pays et ce, pour un produit qui, contrairement à l’alcool et d’autres drogues dures, ne tue pas et qui est utilisé depuis 5000 ans comme plante médicinale.

Les problèmes qu’a créé la Prohibition aux Etats-Unis perdurent jusqu’à nos jours. Le crime organisé a gagné tellement d’argent, en l’investissant intelligemment, que l’influence des différents groupes criminels comme la Mafia perdure encore aujourd’hui. L’Etat, lui, s’était alors privé d’une source d’imposition, et le bénéfice de ce marché juteux avait été laissé à la pègre.

Le « National Prohibition Act » avait été aboli aux Etats-Unis en 1933, avant qu’il ne puisse faire encore davantage de dégâts, et l’Europe devrait prendre exemple sur cet épisode historique. On sait aujourd’hui que de telles interdictions ne favorisent que les bénéfices des organisations criminelles, sans pour autant pouvoir éradiquer le phénomène de la consommation. Et là où il y a une demande, il y a aussi toujours une offre. Plus la production et la distribution sont compliquées à cause de la législation, plus ces organisations criminelles peuvent faire grimper les prix – et il y a une certaine logique à ça.

Si la Prohibition n’a pas fonctionné aux Etats-Unis, causant même des dégâts énormes au pays, il serait peut-être judicieux de cesser de les imiter. Dans deux, trois ans, on disposera d’une évaluation scientifique des conséquences de la légalisation du cannabis dans les différents pays et suite à ces expériences, il conviendra de se poser la question en Europe si nous souhaitons réellement maintenir notre prohibition à nous. Aux Etats-Unis, la Prohibition était un échec cuisant. (selon "Euro-journalist")

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