Les amalgames de la honte
Il y en a marre. En amont des élections en 2017, le niveau du débat politique touche le fond. Sur les réseaux sociaux, on voit des images de SDFs dormants dans le froid, avec le texte suivant : « un migrant va avoir droit à un logement meublé, un clochard français et son chien ont droit à une soupe chaude sur un trottoir mes ou va la France !!! ». Les fautes d’orthographe sont d’origine, et il faut croire que le ou les auteur(s) étaient tellement surexcités en rédigeant cette bêtise que des fautes se sont glissées dans ce texte.
Le message de ce genre de communication est clair : « Si nous ne devions pas accueillir tous ces réfugiés, aucun SDF français ne serait SDF et pourrait habiter dans un logement meublé et chauffé ». Ah bon ? Parce que les municipalités se seraient occupées des SDF avant l’arrivée des réfugiés ? La vérité est bien différente. Dans les villes dirigées par le Front National, comme Hénin-Beaumont, Mantes-la-Ville ou Hayange, des organismes comme le Secours Populaire font état d’énormes difficultés de remplir leur mission – au Mans, on a carrément enlevé les bancs publics pour que les SDF ne s’y sentent pas trop à l’aise. Pour leur offrir à eux et leurs chiens « une soupe chaude sur le trottoir » ?
Ce genre de communication est doublement, triplement honteux. L’extrême-droite xénophobe abuse du triste sort des SDF pour stimuler la haine contre les réfugiés, tout en prenant des mesures contre les SDF et le tout, dans un élan néo-nationaliste des plus abjects. Suggérer aux citoyens et citoyennes que les SDF français iraient mieux si on ne s’occupait pas des réfugiés, voilà un populisme mensonger des plus honteux.
Nous ne sommes qu’en début de l’année électorale 2017 et la qualité des débats se trouve déjà au plus bas niveau. Le « discours » politique n’est plus un échange d’arguments, l’opposition de convictions, la recherche de bonnes réponses, mais la politique se transforme en jugement de valeur et de personnes, en slogans d’une platitude ahurissante, en une sorte de jeu « qui crie le plus fort, a raison ». Pas étonnant que les électeurs et électrices se détournent massivement de la « chose politique » où échanger des arguments de fond, devient l’exception. Cette évolution, stimulée par le monde politique à court de vraies idées, est extrêmement dangereuse. Plusieurs exemples historiques montrent que la « vulgarisation » du discours politique représente l’antichambre d’un extrémisme qui souvent, a viré à la catastrophe.