Le journal satirique "L'Eléphant déchaîné" cambriolé
"Le Canard" ivoirien
En Afrique, il ne fait pas bon être journaliste, Assalé Tiemoko le "boss" de l'Eléphant déchaîné, l'équivalent du "Canard enchaîné" bien français, en sait quelque chose. Après avoir séjourné un an en prison, après avoir subi des menaces de mort, voilà que les locaux de son journal ont été cambriolés, des documents compromettants pour de hauts dirigeants ivoiriens ont été volés ! Visiblement les censures officielles, les tentatives de procès, les convocations en gendarmerie pour des motifs divers et futiles tels "fuite d'informations sensibles concernant la sécurité du pays", ne suffisent pas à faire taire les journalistes de l'équipe de ce pachiderme qui dérange. Tous les moyens ont déjà été utilisés pour ruiner financièrement l'Eléphant, même le plagiat systématique.
« Nous étions sur trois enquêtes dont une impliquait des hautes personnalités de l’État, l’autre la filière café-cacao et la troisième concernait une banque de la place », a confié Assalé Tiémoko qui estime que les trois affaires ont un lien connexe avec le cambriolage. Aucun matériel informatique n'a été volé (pas même le Mac personnel du journaliste). Seuls les documents internes à l'entreprise ont été emportés : « Tout ce qui avait trait aux statuts de l’entreprise, nos références bancaires, etc., ils sont partis avec. Sans doute veulent-ils savoir qui sont nos actionnaires. »
« C’est la première fois que le journal est victime de cambriolage, mais il y a eu plusieurs tentatives contre ma personne », a précisé Assalé Tiémoko, indiquant qu’il se sentait en danger de mort. « Je me sens de plus en plus persécuté, menacé dans mon intégrité physique. En deux ans, j’ai été obligé de déménager trois fois. Ma famille, mes enfants, tout le monde est perturbé. » Un acharnement qui pourrait s’expliquer, selon lui, par le ton très critique du bihebdomadaire. Quoi qu’il en coûte, Assalé Tiémoko assure que son journal poursuivra ses investigations jusqu’au bout.
En 2013, "L'Eléphant déchaîné" s'était même intéressé aux élus alsaciens