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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
3 juin 2016

Le calvaire de travailleurs chinois à Alger

L’image est aussi déconcertante qu’impressionnante : une centaine de travailleurs chinois, manifestement en fin de contrat, livrés à leur sort, campant dans une ruelle parallèle au boulevard des Martyrs, à quelques encablures de l’ambassade de Chine, à Alger.

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Réduits au statut de SDF, ils végètent depuis plusieurs mois pour certains d’entre eux sous des abris de fortune, confectionnés à base de bâche en plastique. Ils sont obligés de s’entasser par petits groupes sous ces refuges improvisés, étrangement bas, où l’on ne peut entrer que pour s’allonger. Certains n’ont même pas droit à ce «luxe» et passent la nuit à la belle étoile, n’ayant pour toute literie qu’un matelas pourri et une couverture crasseuse, rongés par le froid et l’humidité. Des cartons d’emballage, des bouteilles en plastique, des effets personnels ramassés à la hâte, du linge qui pendouille sur un fil de fer viennent compléter le décor. Sous-prolétaires oubliés du monde, ces travailleurs (dont certains enfilent dare-dare leur gilet de chantier vert fluo pour signifier qu’ils ont encore de la dignité) sont alignés les uns à côté des autres, de part et d’autre d'une étroite ruelle. On est en plein dans l’infrahumain, comme seule la mondialisation sait en fabriquer. Après l’enfer des chantiers, le ghetto.


«Nous n’avons pas été payés»

Un agent municipal témoigne : «Cela dure depuis plusieurs mois. Comme je travaille dans ce secteur, je les vois tous les jours. Il y a plusieurs vagues de travailleurs chinois qui vont et qui viennent. Ils attendent d’être rapatriés dans leur pays. Et quand ils partent, d’autres arrivent.» Et d’ajouter  : «Dès qu’un chantier est achevé, ils sont obligés de rentrer chez eux. Apparemment, ils n’ont pas été payés. Ils viennent donc réclamer leurs droits auprès de leur ambassade. Sincèrement, je n’ai rien vu de mal de leur part. Ce sont des gens tranquilles et sans histoires.»

Le fait est que la plupart des occupants du site ne parlent ni l’anglais, ni l’arabe, ni le français. Grâce donc à notre ami, nous en saurons un peu plus sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. «Nous n’avons pas de ressources pour pouvoir rentrer chez nous», témoigne difficilement l’un des travailleurs. «Je suis en Algérie depuis près de deux ans», précise-t-il. Parlant pour lui et pour deux de ses camarades qui se tenaient à côté de lui, il raconte : «Nous avons servi dans un chantier de construction de nouveaux bâtiments à Oran. Nous n’avons pas été payés. En plus, l’entreprise nous a retiré nos passeports.» Désormais sans travail, il espère retrouver au plus vite sa famille. «Cela fait plus de deux mois que nous sommes ici dans la rue. Nous attendons de notre ambassade qu’elle prenne en charge notre billet afin que nous puissions rentrer chez nous», clame notre interlocuteur.

Ambassade de Chine : black-out total

A l’ambassade de Chine, black-out total : toutes nos tentatives d’obtenir une information officielle sur ce dossier ont été vaines. Le calvaire que vivent les «SDF» chinois du boulevard des Martyrs serait-il à mettre sur le compte d’éventuels couacs survenus dans ce plan de rapatriement ?  Mystère et boule de gomme. «Ça ne se fait pas de les laisser comme ça», s’indigne un riverain. «Ça devient gênant. Il y a une école, là. Il faut leur trouver un endroit décent pour s’abriter. Il faut que notre Etat leur trouve une solution. Mais que voulez-vous, makache doula (il n’y n’a pas d’Etat).» (selon le quotidien "El Watan")

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Commentaires
D
Le gouvernement chinois, soi-disant communiste, est le plus libéral des régimes, et n''en a rien à foutre de laisser "crever" ses ressortissants à l'étranger, où ils sont obligés de travailler très souvent au "black".
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