Panama papers : Sarkozy sur deux fronts !
"KC Zuma n’est pas le seul client à haut risque de Marc Bonnant. L’avocat a ainsi dirigé des sociétés offshore et détenu des actions nominatives pour le compte de Ziad Takieddine, un intermédiaire franco-libanais cité dans plusieurs affaires de rétrocommissions versées à des personnalités politiques lors de grands contrats d’armement. Marc Bonnant a aussi été directeur d’une société contrôlée par un proche de Jean-Marie Le Pen." (extrait de 24heures.ch, quotidien suisse).
Si Marc Bonnant, l'avocat suisse de Jean-Marie Le Pen, est un des nombreux avocats suisses ayant trempé dans le panier à crabes panaméen, il a donc aussi travaillé en collaboration avec le sulfureux franco-libanais Ziad Takiedine, déjà mis en examen en 2011 dans l'affaire de rétrocommissions dite "Karachi".
Petit rappel de l'affaire de rétrocommissions "Karachi"
En 1994, Ziad Takieddine et son compatriote Adbdulrahman El-Assir sont mandatés au dernier moment par la France pour mener à bien les négociations pour deux importantes ventes d'armes : l'opération Sawari II avec l'Arabie Saoudite portant sur la livraison de frégates et le contrat Agosta portant sur la vente de sous-marins au Pakistan pour 5,4 milliards de francs.
Ses relations avec Claude Guéant débutent en 2003 concernant le projet de vente d'un système de surveillance des frontières de l'Arabie saoudite. Le contrat dit « Miksa » soutenu par le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy (alors que c'est une affaire devant relever du ministère des Affaires étrangères) prévoit une commission de 350 millions d'euros à l'intermédiaire libanais, qui est bloquée in extremis, début 2004 par le président Jacques Chirac craignant alors un possible financement politique occulte de son rival.
Il est le principal entremetteur, en lien avec Claude Guéant de la négociation de contrats en lien avec l'entourage de Nicolas Sarkozy avec le régime libyen de 2005 à 2007 puis avec le régime syrien.
Sa grande proximité avec des dirigeants politiques et certains de ses soutiens dans le monde des médias et des affaires est illustrée quand Thierry Gaubert et Jean-François Copé, alors ministre délégué auprès de Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, ont organisé l'hospitalisation et le rapatriement d'urgence de Ziad Takieddine, victime d'un accident dans l'archipel des Grenadines en avril 2004, pendant les négociations du contrat « Miksa », qui aurait été une tentative d'assassinat où la responsabilité d'Alexandre Djouhri, ami proche de Dominique de Villepin, a été évoquée. Évacué d'urgence à la Barbade, il note dans une synthèse des événements : « à la demande de Jean-François Copé, un médecin français […] est arrivé après cette intervention chirurgicale qui m'a sauvé ».
Le 13 septembre 2011, Ziad Takieddine est mis en examen dans l'affaire Karachi par le juge Van Ruymbeke. L'homme d'affaires promet alors de transmettre à la justice les documents compromettants pour Sarkozy. A ce jour, si des documents ont pu être obtenus, d'autres n'ont jamais été fournis. L'affaire Panama Papers, en les révélant, risque de signer la mort politique définitive de Nicolas Sarkozy et quelques-uns de ses "amis"
- A lire : l'intégralité de l'article de "lematindimanche.ch" : Des avocats suisses jouent un jeu dangereux
Sarkozy a blanchi le Panama, le Panama va-t-il blanchir Sarkozy ?
Selon Mediapart, une nouvelle enquête visant l'entourage de Nicolas Sarkozy est en cours. C'est en effet au tour de l'avocat d'affaires Arnaud Claude, associé de l'ex-président de la République au sein du cabinet Claude&Sarkozy, d'apparaître dans le cadre des révélations des "Panama Papers. L'avocat d'affaires figure dans la liste des clients du cabinet panaméen Mossack Fonseca. Il aurait aidé Patrick Balkany à échapper au fisc français.
Le Panama est en effet sorti de la liste française des paradis fiscaux depuis 2012. Retour en arrière. Après la crise de 2008, l’heure est à la guerre à la finance. « Les paradis fiscaux, c’est terminé ! » affirmait fièrement Nicolas Sarkozy, en 2009. C’est cette même année, au mois de mai, que le Panama sort de la liste noire des Etats non-coopératifs en matière fiscale, établie par l’OCDE. Suivra en décembre 2011 la signature, avec la France, d’une convention fiscale visant à prévenir l'évasion et la fraude fiscales…
Pour la sénatrice UDI Nathalie Goulet, qui avait été vice-présidente d’une commission d’enquête du Sénat sur le rôle des banques dans l’évasion fiscale, c’est très clair : « C’est Nicolas Sarkozy qui a fait enlever le Panama de la liste des paradis fiscaux » affirme-t-elle.