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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
18 avril 2015

La "Françalgérie"

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L’essai de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet , deux journalistes de TF1 et le JDD,« Paris-Alger, une histoire passionnelle »,  explore aussi les relations dangereuses entre la France et l’Algérie. Et notamment le concept de « FrançAlgérie », un terme à connotation péjorative créé pour dénoncer l’action néocoloniale prêtée à la France en Algérie. Voici trois exemples pour comprendre.

François Hollande, avocat du FLN

Les liens sont anciens. Ancrés. Très politiques. Ils ont été noués en juillet 2006. François Hollande, alors premier secrétaire du Parti Socialiste (PS) en France, songe à se lancer dans la course présidentielle. Les relations entre le gouvernement français et l’Algérie sont glaciales, en grande partie à cause de Nicolas Sarkozy. Les socialistes, eux, misent notamment sur le vote musulman pour revenir au pouvoir. François Hollande saute dans un avion, direction Alger ! « Il est alors accueilli avec les fastes d’un chef d’Etat par le président Bouteflika, qui le reçoit pendant trois heures, écrivent Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet. S’il est reçu avec autant d’honneurs, c’est aussi parce que le premier secrétaire du PS va devenir le meilleur avocat du FLN pour son adhésion à l’Internationale Socialiste ».

A l’époque, le FFS, seul membre algérien de cette IS (International Socialiste), s’oppose fermement à ce qu’un parti de la majorité, qui cautionne la dérive autoritaire du régime, puisse rejoindre ce club de sociaux-démocrates, socialistes et travaillistes. Mais François Hollande n’en a cure : il se rapproche du chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et promet de peser de tout son poids. « Le PS, au-delà de toute question éthique, cherche à reprendre pied en Algérie » expliquent les auteurs. Au point de s’opposer « à des résolutions visant à dénoncer les violences commises en Algérie », accuse Karim Tabbou dans le livre.

A l’approche de la présidentielle de 2012, François Hollande réitère sa démarche. « Nous avions en tête que les Français d’origine algérienne manifestaient leur intérêt pour les élections », confie Kader Arif, conseiller du futur candidat. Quelques mois avant le scrutin, François Hollande reprend donc attache avec Abdelaziz Belkhadem, et lui promet encore une fois l’adhésion du FLN à l’Internationale Socialiste. Mission accomplie en février 2013, lors d’un congrès de l’IS au Portugal. Entre temps, la gauche a remporté les élections. François Hollande est président de la République.

Collaboration poussée entre les services de renseignement

La coopération entre l’Algérie et la France est telle que des réunions techniques sont organisées au plus haut niveau ! « Les interlocuteurs des services français sont le général-major Athmane Tartag et le général Hassan » écrivent les deux journalistes. Une source française leur assure que des actions communes sont menées, « notamment des opérations d’infiltration ».

Jacques Chirac court-circuite Hadj-Nacer

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C’est sans doute le passage le plus éclairant de ce que peut être la « FrançAlgérie. » Il est raconté par l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Abderrahmane Hadj-Nacer, qui « se souvient d’une histoire étrange lorsqu’il travaillait à la Présidence algérienne ». L’anecdote est savoureuse et mérite que l’on s’y attarde. Elle date de 1986. La Corée du Sud est alors en quête d’une reconnaissance diplomatique par l’Algérie. L’Algérie n’y est pas opposée, mais souhaite obtenir en contrepartie un prêt à taux faible. Abderrahmane Hadj-Nacer est envoyé à Séoul avec, dit-il, « une lettre de mission très claire. Pas de prêt, pas de contrat, pas de reconnaissance diplomatique ».

Mais les choses ne se passent pas comme prévu : les Sud-coréens hésitent, négocient et font traîner les discussions. Agacé, le jeune conseiller se replie sur Hong Kong … où il découvre qu’entre temps, d’Alger, la reconnaissance diplomatique a bel et bien été accordée et sans aucune contrepartie ! « Une opération parallèle avait été menée par un homme politique français de premier plan » raconte Hadj-Nacer aux auteurs. L’homme en question ne serait autre que Jacques Chirac, qui dans la foulée aurait également négocié l’implantation de Daewoo en Algérie.

« Un chèque de 100.000 dollars aurait été versé à des intermédiaires » accuse Abderrahmane Hadj-Nacer. Le bureau de Jacques Chirac y oppose un démenti ferme.(selon TSA, "Tout sur l'Algérie")

« Paris-Alger, une histoire passionnelle », Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, Editions Stock, paru le 15 avril

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