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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
8 janvier 2015

Charlie-Hebdo : le témoignage d'un journaliste

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Antonio Fischetti est journaliste à la rédaction de Charlie Hebdo. Il n’était pas ce matin dans les locaux. Il témoigne de son émotion et raconte comment le journal s’était presque habitué à vivre sous la menace depuis plusieurs années.

«On savait que la menace était réelle, mais ce n’était pas la parano. Les menaces contre Charlie étaient récurrentes, continuelles, habituelles. Il n’y en avait pas particulièrement plus ces derniers temps, mais la vigilance s’était relâchée. Après l’incendie qui avait détruit nos locaux en 2011, il y a eu pendant longtemps une voiture de police en bas du journal. D’abord tout le temps, puis pendant la réunion de rédaction, le mercredi matin. Mais depuis quelque temps, un mois ou deux, il n’y en avait plus. Ils ont dû le repérer. Ils ont vraiment attendu le bon moment. Même s’il y avait un code, en bas, même s’il fallait savoir que le journal était au deuxième étage, il était plus facile de rentrer dans nos locaux rue Nicolas-Appert que dans les précédents, rue Serpollet.

«Charb, lui, avait encore ses deux gardes du corps. Quand il venait dîner chez moi, on en plaisantait un peu. Je lui demandais : "Tiens, qu’est-ce que t’as fait de tes gardes du corps?" Une fois, il a pris un taxi sans eux. Le chauffeur l’a reconnu, lui a demandé de descendre tout de suite. Le garde du corps lui avait dit de ne plus jamais prendre un taxi seul. Il partait même en vacances avec eux.

«On se disait tous que quelqu’un d’un peu allumé et de déterminé, avec une kalachnikov, pourrait s’en prendre à Charlie. On pensait que Charb pourrait être visé, il avait été directement visé par Al-Qaeda, sur Internet.

«L’idée de pouvoir se faire tuer un jour était là, dans la tête. Mais un carnage de cette ampleur, avec la volonté de tuer tout le monde… Les miraculés sont ceux qui étaient en retard, comme Luz ou Catherine Meurisse. Ou les absents comme moi, qui étais à un enterrement en province. Nous étions amis, pas juste collègues. J’étais particulièrement proche de Charb et de Tignous.

«Là, c’est la volonté d’éradiquer totalement un journal. Ce n’est pas "juste" tuer le rédacteur en chef. Il n’y a pas de mots. C’est vraiment un acte de guerre. Tout ça pour des dessins… Ce sont des malades. Charlie portait une parole, soutenue par certains, combattue par d’autres. Je me rends d’autant plus compte aujourd’hui combien son combat était important. On était tous d’accord sur le fait qu’il ne fallait pas céder. Mais qu’ils décident d’éradiquer ce symbole de la liberté qu’était Charlie… J’en parle au passé, car je ne vois pas comment le journal pourrait survivre à ça. Charlie, c’était un journal de dessinateurs. Les rédacteurs comme moi sont interchangeables. Eux, non. Des Charb, des Tignous, des Wolinski, il n’y en a pas cinquante. Et si en plus il y a Cabu…» ("Libération" - Coralie Schaub)

20150107PHOWWW00506Les trois terroristes dans la rue : deux marchent et tirent à la kalachnikov. Le troisième est en train de sortir de voiture par la portière AVD.

B6vqW0yCQAEbVGk__1_La voiture des terroristes bloquée dans une rue. Ils sortent de voiture, tirent, exécutent un policier blessé gisant à terre, prennent un otage, renversent un piéton. 

B6vraq0IcAEffQVLa voiture abandonnée par les terroristes.

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Commentaires
A
Quel que soit, la frustration dont souffre les musulmans en France ou ailleurs, cela ne leur donne pas le droit, de se présenter armés jusqu'aux dents pour régler leurs comptes. Ces deux frères avant tout terroristes, prétendaient venger le prophète? Moi je me demande si chacun d'entre nous à qui on a insulté le père, ou raillé la mère, ou violer la sœur, décide de régler ses comptes en se présentant dans un état de surchauffe, exaltés tel un commando d'élite pour en découdre...Il y a d'autres moyens, intelligent , efficaces plus pertinents pour faire avancer la cause de l'Islam des lumières comme l'ont fait nos ancêtres. Aucune empathie pour ces terroristes qui se prétendent de l'Islam et qui dans un élan contre productif en sont les fossoyeurs!
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G
je suis fortement décu de la réaction de Beylorschetsche,ces journalistes sont morts parce qu'ils avaient le courage de montrer la véritée aux gens et cela avec un simple crayon de papier
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B
Je suis très étonné , et fort déçu , de ne lire aucun commentaire , aucune réaction de soutien à Charlie (et à la liberté d'expression en général) , alors qu'il y en a deux pages quand le maire de Villé pète de travers ! Fort dommage .
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D
Depuis le temps que dans certaines caves, il y a des mitraillettes qui attendent comme des vieux vélos pour reprendre du service, dans les zones de non-droit, ça devait malheureusement arriver un jour. Et ce n'est peut-être que le début ?<br /> <br /> En tout cas, ceux qui font ça sont des salopards.
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C
Nous sommes 65 millions de CHARLIE ... Et ce ne sont pas un ramassis de Charlot, qui vont faire trembler notre liberté d'expression.
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