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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
3 mai 2014

Poutine balkanise l'Ukraine

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Le président Vladimir Poutine a, de facto, entrepris le dépeçage du pays, commençant par s’emparer de la Crimée puis encourageant les séparatistes prorusses à prendre le pouvoir par la force, ville par ville, dans les régions de l’Est où est concentrée la minorité russophone.

La situation, qui se dégrade de jour en jour dans une variante qui n’est pas sans rappeler le début du conflit de l’ex-Yougoslavie, paralyse le gouvernement provisoire à Kiev, au moment où il devrait lancer d’importantes réformes – le FMI lui a accordé un crédit de 17 milliards de dollars, le 30 avril. Quelque 40 000 soldats russes sont massés derrière la frontière, prêts à intervenir à tout moment.

Les conditions dans lesquelles se déroulera l’élection présidentielle le 25 mai sont de plus en plus incertaines : c’est exactement le but recherché par Moscou, déterminé à ne pas laisser s’installer un pouvoir démocratique pro-européen légitime à Kiev.

La tentative désespérée du gouvernement de Kiev de reprendre les choses en main, en rétablissant la conscription et en lançant un assaut contre les séparatistes de Sloviansk, vendredi 2 mai, est plus un signe d’impuissance qu’autre chose.

Voilà bien longtemps que la situation n’aura été aussi dangereuse sur le théâtre européen. La chancelière allemande, Angela Merkel, devait s’en entretenir vendredi à Washington avec le président Obama.

Le moment est venu, pour les Occidentaux, de réévaluer leur stratégie à l’égard de la Russie dans l’affaire ukrainienne. Jusqu’ici, l’Europe et les Etats-Unis ont eu à cœur d’obtenir une « désescalade » ; la Russie n’a répondu à cette attitude que par une tension de plus en plus forte sur le terrain.

Les Occidentaux ont gardé ouverte la porte du dialogue ; les Russes ne l’ont utilisée que pour gagner du temps. Si l’invasion de la Crimée ne suffisait pas à nous en convaincre, il est désormais clair que la Russie a décidé de s’affranchir des règles internationales. L’accord de Genève, qu’elle a signé le 17 avril et n’a jamais eu l’intention d’appliquer, n’était qu’un stratagème. A aucun moment, le Kremlin n’a publiquement demandé aux séparatistes de l’est du pays de déposer les armes, comme il s’y était engagé à Genève. Pendant que les Occidentaux décident de sanctions au compte-gouttes, des inspecteurs d’une mission internationale, ceux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, organisation dont la Russie est membre, sont retenus en otage en violation de toutes les conventions. Le Kremlin n’a jamais condamné cet acte…

Avant de partir pour Washington, Mme Merkel a, une nouvelle fois, appelé M. Poutine pour évoquer le sort de ces inspecteurs, dont trois sont allemands – ce qui n’a pas empêché leur illustre compatriote, Gerhard Schröder, de festoyer avec le président russe en début de semaine. Mme Merkel a plaidé en vain.

Deux priorités s’imposent à l’Europe et aux Etats-Unis : rester engagés auprès des démocrates ukrainiens et présenter un front uni face à M. Poutine. L’enjeu ? Eviter une situation de chaos et de guerre civile aux portes de l’UE.

(Editorial du "Monde" de ce jour)

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Commentaires
F
Il est clair que tous les torts ne sont pas du côté russe. Mais Poutine réagit comme un ancien du KGB qu'il est, et ne pense qu'en termes militaires là où les occidentaux ne réagissent qu'en termes d'influence économique et politique. Deux conceptions qui ne sont pas prêtes de se rejoindre.
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M
Le Monde oublie juste que le gouvernement Ukrainien actuel n'a pas été élu démocratiquement (contrairement à son prédécesseur, renversé par les manifestants soit-disant "pro-Européen", en fait manipulés par les Américains), que Svoboda est un parti fasciste, etc... Le monde fait de la désinformation pure et simple.<br /> <br /> L'Ukraine aurait pu être un trait d'union entre la Russie et l'Europe et donc une formidable opportunité de développement du vieux continent si l'Europe n'était pas totalement inféodée aux Etats-Unis et à leur brutale politique de domination mondiale... (Cf les documents dévoilés par Snowden et Wikileaks)
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F
Après les chars russes à Budapest, à Prague, etc... quand arriveront-ils à Kiev ? Poutine, le nouveau Staline, qui l'arrêtera ? En tous cas pas les Occidentaux avec leurs gesticulations ridicules et leurs mesurettes inopérantes.
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