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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
28 avril 2012

"Des paroles et des actes"

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François Hollande a sans aucun doute remporté la confrontation avec Nicolas Sarkozy, jeudi 26 avril, dans l’émission "des paroles et des actes" sur France-2. Certes, ce n’était pas un débat tel que le réclame Sarkozy à chaque fois qu’on lui tend micros et caméras, mais cela y ressemblait beaucoup. Suffisamment en tous cas pour que chacun se rende à l’évidence : le candidat socialiste incarne déjà la fonction de président, notamment dans le style (pour ne retenir que cet aspect) avec ce petit rien de détachement, d’humour, mais aussi cette intelligence, sans oublier cette volonté d’apaisement et de rassemblement que les Français attendent, après cinq ans de vociférations et de gesticulations.

 Hollande, un style de président, Sarkozy, un style d’opposant

Sur le style toujours, il était frappant de constater à quel point Nicolas Sarkozy, arrivé quelques seconde après le départ de son adversaire, n’était plus du tout "le président" mais bien l’opposant systématique, le boxeur, celui qui n’a déjà plus le pouvoir, qui ne le récupérera sans doute pas, mais qui, devant son impuissance, redouble d’agressivité. Franz-Olivier Giesbert, à la fin de l'émission, faisait d'ailleurs remarquer que François Hollande, pour ses premiers mots, avait exprimé des paroles de confiance alors que Nicolas Sarkozy avait immédiatement attaqué son concurrent sur le fait qu’il refusait les trois débats. C’était une façon lumineuse de résumer l’état d’esprit de ces deux hommes qui prétendent dans dix jours diriger la France. Le premier, qui est sûr de son avance (tous les sondages le donnent vainqueur au deuxième tour depuis un an), veut maîtriser son comportement, et donner aux Français une idée du président qu’il pourrait être : apaisé, et rassurant en cette période de crise intense où la division guette un pays en proie à l’inquiétude et à la souffrance. Le second, qui se sait décroché dans les sondages, veut coûte que coûte rattraper son retard, quitte à se montrer dans la bagarre non plus comme le président sortant mais comme une sorte de challenger brutal, prêt à utiliser toutes les armes, même les plus contestables, pour tenter d’inverser la tendance.

 Ironie, fermeté et distance pour Hollande

Alors, certes, le débat dont ce dernier rêvait n’a pas eu lieu encore, car pour cela il faudra attendre le 2 mai, mais c’est sans doute une chance pour Sarkozy. Énervé comme il l’était ce 26 avril, il aurait à l’évidence été battu aux points par un candidat - j’allais dire un président - au dessus de la mêlée. Car c’est cela la magie de la télévision : on croit que les candidats vont se suivre sans se rencontrer, et c’est physiquement exact, mais la mémoire du téléspectateur fait son travail et rassemble les deux hommes par la magie des situations et des questions semblables. Dès lors, les comparaisons s’imposent, comme si un véritable duel avait eu lieu. Face aux journalistes, François Hollande  n’a eu qu’une occasion de s’énerver : David Pujadas a pointé, preuves en images à l’appui, sa tendance à l’esquive quand on lui demandait s’il y avait trop d’étrangers en France. Le candidat a commencé par utiliser l’arme de l’ironie en précisant qu’il n’expulserait pas les étrangers en situation légale. Puis, devant les relances successives du journaliste, il a fini par répondre avec fermeté qu’en tant que futur président, il n’avait pas à donner une opinion, son "sentiment", mais à faire respecter les lois. Avant d’adoucir ses propos au terme de l’échange en revenant à l’humour : "Je ne suis pas un commentateur de la vie politique". Le ton est resté posé, le débit de parole s’est certes un peu accéléré mais il n’y a eu ni accusations ni victimisation de la part de François Hollande à l’occasion de cet échange avec David Pujadas.

 Victimisation, ego et mensonges pour Sarkozy

Cette politesse, cet oubli de soi au profit de la fonction qu’il brigue, Nicolas Sarkozy s’est efforçé lui aussi de les respecter, mais très vite, la nature a repris ses droits et il est retombé dans ses travers. Ainsi, quand ont été évoquées les insultes lancées par Lionel Luca à Valérie Trierweiler, s’il les a condamnées, il n’a pu s’empêcher de ramener le sujet à lui et à sa propre épouse Carla alors qu’il n’était pas concerné en tant que mari. Puis il s’est replacé au centre du sujet en évoquant les insultes qu’il avait lui-même reçues ("sale mec") de la part du PS et de François Hollande. Un autre exemple, quand il s’est posé en victime des médias et du système électoral et qu’il a déploré de n’avoir eu que 10% du temps de parole, le même qu’à Jacques Cheminade. Mais François Hollande aurait pu dire la même chose et il ne l’a pas fait. De plus, Nathalie Saint-Cricq lui a rappelé, concluant ainsi le débat, que rien ne l’avait empêché de commencer plus tôt sa campagne électorable pour bénéficier de davantage de visibilité. Autre trait de caractère peu compatible avec la fonction de président, cette propension à manier les contre-vérités quand ça l’arrange. À deux reprises, dans l'émission, il a dû s’expliquer : d’abord sur sa prétendue visite à Fukushima : il était certes au Japon, il a parlé de la catastrophe avec le Premier ministre, mais la centrale était confinée et ça faisait mieux dans le meeting de faire ce raccourci, a-t-il lâché. Ensuite à propos du "vrai travail", il a fait son mea culpa (ce n’était pas "une expression heureuse") avant de reconnaître qu’il aurait dû dire "la vraie fête du travail" et non pas "la fête du vrai travail". On le voit dans les styles, les caractères, les rhétoriques,  les téléspectateurs n’auront pas manqué de faire la différence entre les deux hommes : l’un habite déjà la fonction tandis que l’autre la désacralise par excès d’ego ; l’un respecte les Français tandis que l’autre s’accommode des vérités au gré de ses besoins. François Hollande paraît avoir déjà enfilé le costume du président, tandis que Nicolas Sarkozy, à force d’agressivité et de mensonges, semble avoir mis le sien en lambeaux.

(Le Nouvel Observateur)

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Commentaires
D
HOLLANDE écrit l'ouvrage sur ses erreurs du quinquennat: une encyclopédie en 12 volumes...
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C
Et il nous organise même une Maykur !
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C
Y en a marre des débats !<br /> <br /> On ne voit plus que les présidentielles à la télé !<br /> <br /> Alors, 3 débats et quoi encore ?<br /> <br /> On ne paie pas la redevance télé juste pour voir les conneries de Sarko ! Ou alors on peut les déduire sur la feuille d'impôts ?
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D
Parfaitement qu'il s'est dégonglé.Non seulement il a refusé plusieurs débats,avant d'y mettre des conditions.Et enfin dimanche soir,il l'a répété dans l'entretien en tête à tête(enregistré) avec Mr Delahousse au 20 h de France 2.<br /> <br /> <br /> <br /> Tandis que Sarko,il ne demande pas mieux que de débattre,lui.Oh,il a des défauts et des échecs,mais pas celui là...<br /> <br /> <br /> <br /> N'en déplaise àl'internaute ci-dessus CALAMITY JANE.
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C
Parce-qu'il a été mauvais depuis le début de sa campagne (en n'assumant pas son quinquennat au lieu de se présenter en homme nouveau qu'il n'est pas), il veut se rattraper sur trois débats. Il ferait mieux de demander l'annulation du seul débat restant, car il n'a vraiment plus à dire sauf : bye.
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