De plus en plus, nos politiques à court d'idées se réfèrent à l'Allemagne. Voici une analyse de ce modèle trouvée sur le blog de René Heim (Désir d'avenir) :
"Jamais le taux de chômage n'a été aussi bas (6,9%) en Allemagne depuis la réunification. Un véritable "miracle économique". Sauf si l'on tient compte des millions de chômeurs radiés ou des précaires dépendants de l'aide sociale, la précarité explose. Dans un pays sans salaire minimum généralisé, les temps sont durs pour les oubliés du miracle. De nombreux chômeurs trouvent du travail en intérim pour 2 ou 3 semaines pour remplacer le personnel fixe en congé. Sur un bon mois ils gagnent environ 850 euros mais dans ce cas ils perdent les allocations, y compris leur loyer payé. Donc ça ne vaut presque pas la peine d’aller travailler. Mais s’ils ne font rien ils sont radiés de l’aide sociale. Bon nombres vivent d’alternance entre minimas sociaux et travail temporaire, dans des emplois peu qualifiants. Leur rêve est pourtant de trouver n’importe quel emploi pourvu qu’il soit fixe. En Allemagne, où la vigoureuse reprise observée depuis l’an dernier, qualifiée de miracle économique, est allée de pair avec l’augmentation du travail précaire. En 2010, 43 % des emplois créés étaient des contrats intérimaires, 42 % des contrats à durée déterminée (CDD) et seulement 15 % des contrats à durée indéterminée (CDI), selon le syndicat IG Metall. Le modèle allemand, tant vanté à l’étranger, s’accompagne aussi de niveaux de rémunération impensables dans d’autres pays européens. Selon l’Institut de recherche DIW, 1,2 million de personnes travaillaient en 2010 pour un salaire horaire brut de 5 € ou moins, au sein de la première puissance économique européenne. Et 5,8 millions touchaient moins de 8,5 € de l’heure. Il est vrai qu’il y a des gens qui ont deux ou trois emplois et qui ont quand même trop peu dans le porte-monnaie pour vivre. Ce n’est pas concevable dans une société qui se veut humaine. Au-delà du "miracle économique allemand", des voix s’élèvent pour dénoncer un maquillage des chiffres et une précarité institutionnalisée par la dernière législation du travail, des résultats impressionnants, mais en trompe-l’œil. Les réformes Hartz IV la mise en place d’un système qui, par vases communicants, a progressivement fait passer plusieurs millions d’allemands des listes de chômeurs à ceux de quasi-chômeurs ou travailleurs pauvres. Les bénéficiaires d’Hartz IV. Les 4,9 millions d’adultes sont en fait des chômeurs, des quasi-chômeurs qui travaillent moins de 15 heures par semaine ou des précaires. Les plus touchés sont les familles monoparentales et les seniors. Ils ne figurent pourtant pas dans les chiffres du chômage, qui ne prennent en compte que les bénéficiaires de l’Arbeitsolsengeld. Le gouvernement allemand répète qu’il n’y a que prés de 3 millions de chômeurs, ce qui serait effectivement historique. La réalité est toute autre, 6 millions de personnes touchent Hartz IV, ce sont tous des chômeurs ou des grands précaires. Le vrai chiffre n’est pas 3 millions de chômeurs mais 9 millions de précaires. Il faut compter également l’arrivée d’un million de chômeurs supplémentaires dans les années à venir. Suite à la dernière réforme des retraites, l’âge légal de départ a été relevé de 65 à 67 ans. Or, près d’un million de salariés disposent d'un contrat qui leur assure un départ à la retraite à leur 65ème année. Ils vont donc mécaniquement venir grossir les rangs des chômeurs. S’il s’agit d’un ajustement technique, les chiffres du chômage et les comptes sociaux pourraient se retrouver bouleversés pour une période de deux à trois années. Avec pour conséquence un faible niveau de pension une fois à la retraite."