Des groupes terroristes d'extrême-droite chez nos voisins allemands
L'Allemagne vient de découvrir avec étonnement et stupeur l'existence d'une "fraction armée néonazie" qui opérait depuis plusieurs années et était responsable d'une dizaine d'assasinats d'étrangers et d'une policière. Assassinats non élucidés qui ont pu l'être grâce à l'analyse d'une arme saisie lors de l'arrestation de la femme du groupe, Beate Zchäpe à Zwickau. Les deux autres membres ont préféré se suicider pour échapper à la justice.
Pourtant, le terrorisme d'extrême-droite n'est pas nouveau en Allemagne, et n'a pas forcément ses racines dans l'ancienne Allemagne de l'Est. Régulièrement ses adeptes ont pris comme cibles les étrangers et la gauche. Reprenons l'histoire :
Le Wehrsportsgruppe Hoffmann envisageait-il de s'installer en Alsace ?
- Dès 1973, s'est créé le "Wehrsportgruppe Hoffmann" (WSG - groupe de combat Hoffmann), et compta rapidement jusqu'à 500 membres. En 1980, l'un de ses membres Gundolf Köhler fut à l'origine d'un attentat meurtrier à l' "Oktoberfest" à Donaueschingen, qui fit 13 morts (dont Köhler lui-même) et 200 blessés. Le groupe a toujours prétendu que Köhler avait agi seul. En décembre de la même année, une autre membre de ce groupe, Uwe Behrendt exécuta Shlomo Levin et sa concubine, un couple de religion juive. La WSG prétendit que Uwe Behrendt ne faisait plus partie de son association et cette dernière finit par se suicider en prison. Suivit la dissolution du groupe par le gouvernement fédéral. Karl-Heinz Hoffmann s'enfuit au Liban et constitua avec l'aide du Fatah le "Wehrsportgruppe Ausland" dans le camp de réfugiés de Bir-Hassan, près de Beyrouth. A noter que quelques néo-nazis alsaciens participèrent à ce camp d'entraînement, pour tenter ensuite de reconstruire un camp identique dans le Centre-Alsace (dans le secteur de Bergheim). Arrêté lors d'un de ses voyages en Allemagne à l'aéroport de Francforf, Hoffmann fut condamné à 9 ans de prison. Selon les aveux du néonazi italien Elio Ciolini, Hoffmann aurait aussi été impliqué dans l'attentat à la bombe de la gare de Bologne en 1980 (85 morts). A la lecture de tous ces attentats, on peut douter des affirmations d'un ancien loup noir qui prétend avoir obtenu des explosifs contre la promesse formelle de ne faire jamais "ni morts, ni blessés" dans le mensuel Heb'di (n° 27 - Octobre 2011 - article : "Que sont devenus les loups noirs ?").
- Dans les années 70, le "Braunschweiger Gruppe der NSDAP-AO" incendia les tribunaux de Flensburg et de Hanovre. Les auteurs Paul Otte et Hans-Dieter Lezien furent condamnés à 10 ans de prison. Dans les années 80, les "Deutschen Aktionsgruppen" de Manfred Roeder incendièrent sept foyers d'immigrés et le musée d'Auschwitz. Dans les années 90, 9 ressortissants turcs périrent dans l'incendie de leurs maisons par le groupe "Bewegung in Waffen" dans la région de Hambourg. D'autres groupes apparurent dans les années 2000, tels "Unorganisierte rechtsradikalen Jugendliche" qui s'attaqua au quartier vietnamien de Rostock, "Kameradschaft Süd" qui fit exploser un centre juif à Münich, "Freikorps Havelland" qui incendia un restaurant vietnamien dans le Brandebourg.
Dans le Bade-Württemberg
Le cas du fabricant de bombes à Weil-am-Rhein est un exemple qui prouve bien que l'extrême-droite néo-nazie n'est pas l'apanage de l'Allemagne de l'est. Et les attentats se situent souvent le proche pays de Bade du Sud. A Fribourg-en-Brisgau une attaque contre le "Kulturzentrum KTS" lieu de réunion des antifas fut évité de justesse, une bombe était prête à être posée. En novembre 2010, la mosquée turque de Rheinfelden vit toutes ses vitres brisées et les murs recouverts de croix gammées. En mars 2011, une réunion de néo-nazis à Rheinfelden se termina en expédition punitive contre des antifas. Le 1 octobre dernier, sur une aire d'autoroute près de Riegel (près de Emmendingen) un antifa fut roué à coups de pelles par une quinzaine de néonazis : le seul motif, il observait de loin la fête néo-nazie du Kaiserstuhl. Pareille correction avait déjà été administrée à des jeunes de la région d'Ulm. Dernièrement, le marché de Senden (au confluent du Danube et de l'Iller), une ville de 22000 habitants, fut occupée par des miltants NPD avec à leur tête le responsable national Udo Voigt et le négationniste suisse Frank Rennike. On retrouve aussi ce printemps un rassemblement à Rheinmünster-Söllingen (près de Rastatt) avec des néonazis d'Alsace, d'Allemagne et d'Autriche. Devant de tels faits, de plus en plus de voix s'élèvent chez nos voisins du Pays de Bade pour exiger la dissolution du NPD.