Liliane a fait grève et témoigne
Liliane ne regrette pas son choix. Elle aime son métier d’institutrice spécialisée. Son jeune public souffre de troubles du comportement, d’autisme parfois, d’hyperactivité. Depuis sept ans, Liliane vit mal ses rentrées de classe. « Je suis institutrice suppléante dans un institut spécialisé. Je suis contractuelle. Ce qui fait qu’à chaque rentrée, je ne sais jamais si mon contrat sera poursuivi », explique la jeune femme. Titulaire d’un bac plus cinq ans d’études, elle n’a pas suivi la filière normale de formation des professeurs des écoles. Avant 2007, sa titularisation était possible si elle passait avec succès un concours passerelle. « Mais, depuis 2007, il a été supprimé. Je ne peux plus être titulaire, si rien ne change ». Conséquence, pas de primes, pas d’augmentation de salaire. La jeune femme de 35 ans doit vivre avec 1 081 € par mois soit 700 € de moins qu’une collègue titulaire en milieu ordinaire. Pour améliorer ses fins de mois, Liliane assure deux heures de soutien scolaire par semaine en soirée. En plus de cette précarité, elle doit gérer le manque de moyens dans le secteur spécialisé. Elle devrait pouvoir emmener sa classe difficile en milieu ordinaire mais c’est impossible. « Mon groupe de sept écoliers est tellement difficile que cela est impossible sans avoir un éducateur avec moi. Or, il n’y en a pas ». Enfin, Liliane doit composer avec les chefs d’établissement. Il arrive que cela ne se passe pas très bien. « Certains ne respectent pas toujours nos tâches. Ils ont tendance à nous faire effectuer un travail d’éducateur ». Parfois même, cela vire au cauchemar. Liliane dit qu’elle a même subi du harcèlement moral.