La crise vue par "Le Quotidien", journal luxembourgeois
Français, saoulez-vous !
Les Français auront intérêt à boire de la limonade s'ils veulent résorber la dette de leur pays. Et tant qu'ils y sont, à se mettre à fumer comme des pompiers et à se saouler jusqu'à plus soif.
Parmi les mesures d'austérité exposées, hier, par le Premier ministre, François Fillon, l'augmentation du prix des boissons sucrées, du tabac et de l'alcool rapportera 600 millions d'euros en 2012.
Et qu'en est-il de la fameuse taxe «exceptionnelle» pour les plus riches? Les revenus de plus de 500.000 euros annuels seront soumis à une taxe supplémentaire de 3%, le temps de revenir à un déficit budgétaire dans les clous. La mesure rapportera 200 millions d'euros en 2012, soit pas grand-chose au regard des 15 milliards d'euros annuels perdus par le fisc en raison de l'instauration du bouclier fiscal en 2007. Et une paille compte tenu des 12 milliards d'économies annoncées.
Si la mesure va au-delà de ce qui était attendu, elle est provisoire et reste dans la droite ligne identifiant la politique de Nicolas Sarkozy depuis quatre ans : favoriser les plus hauts revenus au détriment des classes moyennes et des plus pauvres, qui seront évidemment appelés à payer le gros de la facture.
En quatre ans, Nicolas Sarkozy a fait bondir la dette française de 62% du PIB à 84,5%. Du jamais vu. Mais seul un tiers de l'augmentation de la dette serait liée à la crise, signalait en début de semaine le député socialiste de Fameck (Moselle), Michel Liebgott, s'appuyant sur les analyses de... l'État. Le reste est à imputer aux cadeaux fiscaux et aux abattements de charge consentis aux riches et aux entreprises. Soit 100 milliards d'euros en moins dans les caisses publiques chaque année depuis 2007.
Au passage, Nicolas Sarkozy a réussi cet autre exploit d'abroger l'un des principes de la justice sociale en France : l'impôt progressif est devenu dégressif pour les plus riches. Plus vous gagnez, moins vous payez. Et rien dans ce qu'a dit, hier, François Fillon ne permet de penser qu'il en sera autrement à l'avenir.
Pour se consoler, les Français n'ont qu'à se saouler plus. Et en plus ça réduira la dette.
Fabien Grasser (25 août 2011)