Allemagne : 20 ans de montée de l'extrême-droite
Le 6 décembre 1990 mourait, après onze jours passés dans le coma, Amadeu Antonio Kiowa, un jeune angolais "corrigé" par un groupe d'une trentaine de skins néo-nazis à coups de battes de base-ball et de couteaux dans le Land de Brandebourg à Eberswalde. Des policiers assistent à la scène sans intervenir. Une ambulance met trois heures pour chercher le blessé. Depuis cette date cinquante personnes ont laissé leur vie victimes des violences de l'extrême-droite. Rappelons à Mölln et Solingen les incendies, qui ont fait à chaque fois des victimes parmi les enfants de la communauté turque, et les violences aux dates anniversaires des pogroms de 1938 (novembre 1991 à Rostock-Lichtenhagen et Hoyerswerda, où c'est la communauté vietnamienne qui subit des attaques en règle, faisant six victimes, des actes qui ne sont que quelques-uns des méfaits perpétrés. Et malgré tout les marches néo-nazies restent autorisées, et le NPD continue ses discours haineux. Les nombreux militants antifa reprochent aux responsables CDU leur double langage : on expulse les étrangers lorsqu'ils "dérangent", et on les fait entrer lorsqu'il faut de la main d'oeuvre. Une politique calquée sur celle de "l'immigration sélective" prônée en France par le triumvirat Sarkozy-Hortefeux-Besson. Il est évident qu'avec la même politique, la montée de l'extrême-droite ne peut que s'étendre à toute l'Europe. Nos dirigeants européens parlent du nazisme dévastateur qui a mis à terre l'Europe et prononcent à chaque occasion un hypocrite "Plus jamais ça !", mais ne joignent guère les actes aux paroles.
Monument en souvenir du pogrom de Solingen en novembre 1938