Lors des voeux de Nouvel An, aussi traditionnels chez nos voisins allemands que chez nous, de nombreux élus de villes et communes se sont plaint de la situation catastrophique de leur municipalité. La politique de décentralisation de l'Etat fédéral et la crise financière internationale ont supprimé de nombreux moyens financiers et rendu nécessiteuses les villes et communes. Au total, pour 2009, l'endettement des collectivités locales s'est accru pour 2009 de 5 milliards d'€, alors que les rentrées d'impôts ont baissé de 7 milliards d'€, soit en moyenne un manque de 18% par municipalité. Certaines communes ont même subi une baisse de 60 à 80%. C'est le cas notamment dans les régions à forte industrialisation (automobile, métallurgie, matériaux de construction). En même temps, les dépenses du volet social se sont envolées, avec un record de 40 milliards d'€. Des experts financiers évaluent à 11 milliards d'€ le déficit de ces communes pour 2010. Comme en France où Nicolas Sarkozy a prévu la suppression de la taxe professionnelle, le nouveau gouvernement ultra-libéral d'Angela Merkel a prévu de nombreux allègements fiscaux sur les entreprises, les gros héritages et les plus-values, ce qui va encore réduire les recettes locales de 1,6 milliards d'€. Les quelques avantages obtenus par les familles (augmentation des allocations familiales de 20€/mois) vont leur être repris par les impôts locaux. De nombreux projets sociaux ont été abandonnés : foyers de jeunes, piscines, bibliothèques, théâtres et autres bâtiments à vocation culturelle. La "Süddeutsche Zeitung" dresse elle aussi un tableau sans concession : même dans la Ruhr, Leverskusen, une des communes les plus riches, se retrouve cette année dans un déficit de 106 millions d'€. Quant aux autres villes du "Ruhrgebiet", Oberhausen, Essen et Wuppertal, cela fait plusieurs années qu'elles sont dans cette situation. le même journal cite le président de la communauté urbaine et maire de Bautzen, Christian Schramm, qui explique : "Dans la capitale culturelle de Essen, des écoles primaires ont dû être fermées. A Remscheid, les lampadaires publics sont éteints toutes les nuits. Dans d'autres villes, on baisse de quelques degrés la température de l'eau dans les piscines. A Wüppertal, cinq piscines ont été fermées. Ces mesures étaient inimaginables il y a une dizaine d'années." Mais, là où la pauvreté est la plus visible, c'est Berlin. Alors que les aides sociales et les salaires souvent ne peuvent plus être servis ou ont été réduits, le nombre des "Ein-Euro-Job" bat tous les records. Bon nombre d'établissements sociaux sont fermés. Quant aux établissements financiers et aux banques, qui ont touché des centaines de milliards d'€ de l'Etat, les municipalités ne peuvent en espérer aucun soutien. Le triste résultat d'une politique libérale européenne généralisée...