Filière et langue de bois
Alors que le Président de la République prononçait un beau discours sur la filière-bois à Urmatt, non loin de là, mais à l'abri des regards indiscrets, les représentants de l'ONF et les salariés manifestaient, les causes étant toujours les mêmes : l'emploi, le service public. La multitude du service d'ordre laissait penser à un nouveau sommet de l'Otan et amenait à la réflexion : "Le président est-il encore celui de tous les Français ?" Et comment peut-il connaître les aspirations de son peuple tenu à l'écart ? Dans l'histoire de l'Alsace, il n'y a qu'un empereur qui n'a pas rencontré son peuple dans les marches de l'est : Napoléon III *. Est-ce là l'exemple suivi par Nicolas Sarkozy ? On pourrait imaginer que, faute de rencontrer les manifestants, le président serait informé par les élus (député, maires, etc...). Durant de nombreux mois, de nombreuses communes forestières ont en effet exprimé leurs inquiétudes et leur soutien aux agents de l'ONF par des motions, voire des pétitions, dans les conseils municipaux, dans les communautés des communes. Rien de tout cela n'est apparu, bien au contraire, le Président de la Région Alsace Adrien Zeller tout en faisant semblant de ménager la chèvre et le chou (pardon, le président et l'ONF), a soutenu l'orientation du président lors du journal télévisé régional. En Alsace, la langue de bois fait bon ménage avec la filière-bois. A moins qu'il n'y ait eu acte d'allégeance à un nouvel empereur ?
* 1836 : tentative avortée de coup d'Etat à Strasbourg de Louis-Napoléon Bonaparte.