A l'heure où la vallée (et surtout son chef-lieu) polémique à propos des logements sociaux, il m'a paru intéressant d'interviewer un responsable d'un comité local pour le logement autonome. Voici quelques réponses à des questions que j'ai posées (elles n'engagent évidemment que le responsable qui me les a livrées) :
- Question : Qu'est-ce qu'un CLLJ ?
- Réponse : Les comités locaux pour le logement autonome ont été créés en 1990 par la loi Besson. Il y en a aujourdhui 60 en France, répartis de façon très irrégulière. L'Alsace n'en a qu'un pour les deux départements alors que la Lorraine en a quatre. Adresse de CLLJ alsacien : Service Logement Jeunes, 1A, place des orphelins, 67000 Strasbourg (tél. 0388357778, fax. 0388379725). Le travail est considérable (information des 18-25 ans sur les conditions d'accès au logement autonome, sur leurs droits et leurs devoirs de locataires, les renseigner sur les dispositifs existants - locapass, APL, fonds de solidarité logement, allocation logement...), mais les CLLAJ sont confrontés régulièrement à des incertitudes financières.
- Question : quelle situation trouve-t-on dans les parcs publics et privés ?
- Réponse : Le parc public se caractérise par le manque de petits logements, or cette demande augmente. Les jeunes se retrouvent en concurrence avec des personnes plus âgées, et le logement recherché leur échappe. Le parc privé a trop de petits logements, mais là on se heurte aux exigences que les jeunes ne peuvent assumer. Certaines agences exigent que le jeune gagne quatre fois le montant d'un loyer. Pour un studio, cela peut aller parfois de 1.600 à 1.700 € !
- Question : Le "locapass" est-il une mesure efficace ?
- Réponse : Le locapass est un prêt sans intérêt de 3 ans qui couvre le dépôt de garantie et une caution pour les impayés de charges et de loyers. Mais là aussi, la liste des ayant-droit est limitative : salariés du privé, jeunes inscrits aux Assedic et les étudiants boursiers d'Etat. Sont exclus les salariés du public, les boursiers étrangers, les jeunes qui travaillent en Allemagne, et ceux qui sont interdits bancaires à la suite de crédits révolving.
- Question : combien de personnes peuvent bénéficier du parc social ?
- Réponse : c'est bien là le hic ! Deux tiers à trois quarts de la population a des plafonds de ressources compatibles, ce qui veut dire que toutes ces personnes ne peuvent aider leurs enfants ! car si elles sont locataires, qui va accepter qu'elles se portent garantes ?
- Question : et les logements sociaux à la campagne ?
- Réponse : Ils peuvent être une bonne ou une mauvaise chose. Ainsi, ils peuvent participer au maintien de la population tentée de partir pour des raisons d'emploi, mais ils peuvent aussi aggraver les budgets déjà entamés par les déplacements. Ils ne seront évidemment pas fréquentés par les étudiants, c'est-à-dire une partie importante de demandeurs de tels logements.
- Question : en conclusion, quel est votre sentiment ?
- Réponse : En dehors du fait que nous sommes toujours au point de rupture de notre fonctionnement, il faut aussi constater la complexité des dispositifs. Il y a une multiplication des acteurs, des aides, des actions, mais chacun, d'une collectivité à l'autre, se renvoie les responsabilités du logement des jeunes. Il n'y a tout simplement pas de politique du logement des jeunes, car personne ne veut de cette compétence parce-qu'elle est...politique.
A voir : http://www.uncllaj.fr/annuaire-uncllaj/annuaire-national-cllaj.html